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Mesnières-en-Bray |
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Accueil |
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En 1835, après avoir été pendant 800 ans une demeure seigneuriale, le château devint celle d'une Oeuvre religieuse d'enseignement couplant un orphelinat et un pensionnat. Cette nouvelle aventure commença toutefois à Rouen une dizaine d'année plutôt. En effet, le 2 juillet 1824, le vicaire de Saint-Vincent de Rouen, l'Abbé Charles EUDE, fondait la "Communauté des Frères de la Miséricorde" destinée à accueillir des orphelins. Elle gérait également un pensionnat. En 1825, le nombre de pensionnaires s'élevait à 50 ; en 1830, le nombre des orphelins, tous nourris gratuitement, atteignait la trentaine. Ces enfants apprenaient à lire, à compter et un métier : cordonnerie, jardinage, menuiserie... Les pensionnaires suivaient les cours du Collège Royal. Sept d'entre eux rejoindront l'équipe initiale des formateurs : MM. BALAVOINE, BEAUPEL, JEULIN, MOULIN, DUBLOC, YVELIN et ARSON. La devise de la Congrégation était "Tout pour l'orphelin, rien que pour l'orphelin". |
Le 29 août 1835, Charles EUDE acheta pour 165 000 Francs le château et le parc de feu le Marquis de Poutrincourt puis des terres et des prairies pour un montant de 200 000 Francs. La communauté ne possédait bien évidemment pas l'argent nécessaire et les soucis pécuniaires devinrent une grande croix pour Charles EUDE et les Pères formant son équipe d'encadrement.
Le dénuement de ceux-ci était extrême (les Pères faisant régulièrement l'aller et retour jusqu'à Rouen à pied) et la petite association, regroupement de prêtres séculiers, n'eut pas toujours le soutien escompté de la hiérarchie religieuse rouennaise. "Leur maigre bouchée de pain fut souvent absorbée dans les larmes et la joie intérieure de leur coeur n'a guère irradié leur austère visage". (Joseph Prouët, 1959). En 1858, le pensionnat compte 123 élèves ; le nombre d'orphelins est de 70. On initie au jardinage, au charronnage, à la fabrication des tresses et des chaussons, à la cordonnerie, à la brosserie... |
Le Quartier des Etudes, bâtiments ajoutés au XIXème siècle |
En 1864, le Supérieur, l'Abbé Frigot, décide de construire une nouvelle chapelle en complément de la petite chapelle seigneuriale. Elle est élevée sur l'emplacement du Pont des Lances, entrée primitive du château et bouleverse la façade nord-est.
La Chapelle des Elèves
La Chaire et les Stalles de la Chapelle |
On utilisa des stalles provenant de l'abbaye de Préaux, près de Pont-Audemer certains orphelins furent initiés à la sculpture sur bois. La chaire (ci-contre) ne fut posée qu'en 1867. Le collège poursuit cahin-caha sa route aux prises avec de fortes difficultés financières, difficultés toujours repoussées par les aides des uns et des autres, souvent des Anciens de l'établissement ou clercs un peu fortunés. Cette tâche épuise les membres du corps professorale qui soient décèdent jeunes soit doivent s'arrêter voire être mutés, parfois fortement découragés. De 1860 à 1880 furent également construits tout autour du château des bâtiments scolaires qui ne nuirent toutefois pas à l'ensemble architecturale (voir ci-dessus le Quartier des Etudes). En 1877, les dettes s'élèvent toutefois à 300 000 Francs, le personnel ne se renouvelait plus et le pensionnat stagnait en forte concurrence avec ceux de Rouen. Mesnières était en effet un peu "loin de tout" et ne disposait d'une liaison ferroviaire que depuis 1873. |
Seule sa reprise par une réelle congrégation religieuse pouvait sauver l'Institution. Ce furent les Pères du Saint-Esprit qui reprirent celle-ci à la rentrée de 1878 sans vouloir, par contre, honorer les dettes. Celles-ci furent toutefois éteintes grâce à de nombreux dons. Toutefois, la propriété légale restait au main des prêtres qui avaient constitué une société civile en 1869 ! Ce détail est important car il explique qu'en 1904, si la communauté religieuse fut expulsée, la demeure agrandie de nouveaux ateliers, dortoirs... et les terres ne furent pas saisies...
Un Réfectoire du Pensionnat au début du XXème siècle |
Lorsqu'en 1878 les Pères du Saint-Esprit prennent possession du château, le collège compte 73 élèves et l'orphelinat 90. Sous le mandat du premier supérieur, le Père François-Xavier Libermann, l'Institution s'agrandit. L'Ecole d'Agriculture est à la pointe du progrès. En 1884, une nouvelle étable peut contenir 40 bêtes alimentées par des wagonnets qui apportent par rail leur nourriture. L'ancienne bergerie devient hôtellerie. En 1889, une buanderie mécanique située près de la roue du Moulin "permet d'avoir un linge plus blanc avec moitié moins de savon". L'eau courante est disponible à tous les étages y compris les dortoirs dès 1890. |
En 1882, le Père Libermann crée un pensionnat primaire et augmenta le nombre d'ateliers professionnels.
Les principaux ateliers sont ceux de tailleur, de cordonnier, de menuisier, de sculpteur sur bois, de serrurier, de forgeron, de boutonnier, de brossier, de boulanger, de meunier... Celui de boutonnerie produisit jusqu'à 38 000 boutons par jour. L'Ecole d'Agriculture progressait également recevant en 1887 la Médaille Vermeil, grand modèle, de l'Association normande pour le progrès de l'Agriculture. En 1891, à son apogée, l'Institution comptait 62 scolastiques, 110 collégiens secondaires, 272 primaires et 86 professionnels soit 530 élèves. Malheureusement, la grave crise économique du monde rural de la fin du siècle, les épidémies (dont celles de typhoïde), la concurrence avec les collèges libres de Rouen et du Havre entraînent le déclin de l'établissement : 200 élèves en 1898, 263 en 1899. |
François-Xavier Libermann |
La fin du siècle vit toutefois l'arrivée de l'électricité, électricité produite sur place. La première dynamo installée était actionnée par une roue hydraulique remplacée par la suite par deux turbines Singrün. L'une de 40 chevaux alimente deux dynamos, l'autre de 20 chevaux fait tourner le moulin. Mesnières fut donc l'un des premiers villages à disposer d'une source autonome d'électricité sur sa commune. Cette petite usine hydroélectrique fonctionnait encore au début des années 60.
Hélas, des nuages noirs assombrissaient l'avenir. Le 20 novembre 1903, en effet, le décret de 1874 qui reconnaissait la Congrégation des Pères du Saint-Esprit comme enseignante est révoquée et les Pères doivent quitter leur école en décembre.